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Pandemonium : De la photographie inspirée par la peinture classique

Découvrez les dessous et les raisons de la collection Pandemonium.

Un Anonyme Nu Dans Le Salon, mis en place en 2009 regroupe différentes collections. Très proche des tableaux des maîtres anciens, la collection Pandemonium reprend les codes de la peinture classique, pour transformer les modèles en dieux et déesses.Idan nous en dit en peu plus sur cette volonté d’imiter les toiles classiques.

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Tête à tête avec l’artiste Idan Wizen

Bonjour, je suis Idan Wizen, photographe plasticien. J’ai réalisé la collection Pandemonium, c’est une des collections du projet Un Anonyme Nu Dans Le Salon, qui comporte 200 photographies, réalisées entre 2014 et 2015.

Comme toutes les collections du projet Un Anonyme Nu Dans Le Salon, les photographies de la collection Pandemonium sont constituées des personnes de tous les jours, des gens qui n’ont pas été castés, des gens de tout âge, de toute morphologie, de toute origine. Pour chaque personne on a gardé une photographie qui a été publiée, qui n’a pas été retouchée.

 

Que signifie le titre de la collection ?

Le titre Pandemonium vient du grec, c’était la capitale des enfers. Ça m’amusait d’imaginer que toutes ces personnes qui venaient se libérer, s’accepter en posant nues, mériteraient d’être des démons des enfers aux yeux de certains puritains.

 

Pourquoi as-tu décidé de créer une collection en reprenant les codes de la peinture classique ?

Quand j’ai décidé de créer la collection Pandemonium, je voulais souligner un paradoxe : dans différentes époques passées, le nu artistique était toujours accepté, mais jamais forcément bien vu. C’était quelque chose qui était toléré, qui était accepté aux yeux de la société pourtant beaucoup plus puritaine au niveau de ses mœurs que la société actuelle.

Dans notre société actuelle on a libéré énormément la sexualité, la place du corps, la nudité, et pourtant le nu artistique est toujours dérangeant. Ça ne dérange pas vraiment les autres, ça dérange à titre personnel. On ne va pas en parler, on ne va pas venir poser, oser, cacher, comme s’il y avait quelque chose de tabou, de sale, presque démoniaque.

Et c’est pour ça que je voulais vraiment reprendre et souligner que le nu artistique était le point de symétrie entre les différentes époques. Dans tous les cas, il était toléré, mais souvent pas forcément accepté, peu importe les mœurs de la société.

 

Pourquoi avoir titré ces œuvres en latin?

Sur la collection Pandemonium, j’ai décidé de titrer l’ensemble de la collection en latin pour rappeler l’univers classique des époques passées. Je ne voulais pas parler ni de la Renaissance, ni du XVIIIème en particulier, j’avais également des références sur la Grèce ou Rome antique, et la langue qui me semblait commune à toutes ces périodes, c’était le latin classique. On a donc décidé de prendre cette référence avec chaque titre en latin, qui a une réelle signification, qui est décliné, comme il se doit, et qui va vraiment, selon moi, apporter une explication et une intensité supérieure à l’œuvre.

 

 Quels étaient tes maîtres de référence ?

Lorsque j’ai commencé cette collection, j’ai beaucoup regardé la peinture classique. Je l’avais étudié un peu plus tôt, mais ça m’était important d’aller reregarder les éclairages de Rembrandt, du Caravage, de Rubens. Je ne voulais pas forcément copier précisément tel ou tel grand peintre, mais je voulais me réinspirer des éclairages qu’on pouvait trouver plus classiquement dans la peinture.

 

 

Comment avoir obtenu ce rendu proche de la peinture ? En retouche ?

Non c’est pas de la retouche. L’idée c’est de garder la photo la plus authentique possible. On a travaillé principalement sur des effets de lumière, sur des rendus du négatif numérique, mais on n’a pas fait d’adaptation dans chaque photo. Quand on fait de la retouche, on va regarder son image et on va travailler, modifier les pixels artificiellement. Ici, l’idée c’est d’avoir un rendu global et qui s’adapte dans tous les cas à l’ensemble des modèles, et d’avoir cet effet là directement à la prise de vue.

 

Peux-tu nous parler de photos que tu aimes particulièrement ?

Il y a beaucoup de photos dans la collection Pandemonium que j’aime beaucoup, c’est toujours difficile d’en choisir quelques-unes.

Peut-être la première dont j’ai envie de vous parler, ça serait Mutabilis – F0313. C’est une photo que j’aime beaucoup, parce qu’elle concilie le classicisme de la peinture, avec une des forces de la photographie c’est de donner le mouvement. Sa chevelure qui évoque un cri exutoire de libération où elle casse toutes les barrières, tout ce qu’on lui a imposé tout au long de sa jeune existence, en se libérant, et en allant se mettre à l’arrière avec ce mouvement de cheveux qui me plaît particulièrement.

La deuxième photo dont j’aimerais vous parler c’est H0314 – Pirata. C’est une photo que j’apprécie particulièrement pour ses envolées oniriques. Quand je vois cette photo, malgré qu’il soit devant des rideaux, dans un studio, j’imagine un pirate de XIXème siècle sur son bateau sur les îles de Bahamas. Ça pourrait être un membre de l’équipage du capitaine James Flint. Je le vois monter dans les cordages avec ses vigies. Je vois ça par sa posture, par son attitude, par ses tatouages. C’est une photo qui me fait voyager et j’adore ça.

La dernière photo dont j’aimerais vous parler c’est F0421 – Harmonia. C’est une photo que j’aime beaucoup pour son esthétisme. J’ai trouvé qu’on se rapproche énormément de la peinture classique, ce qui était mon but là-dessus. On y retrouve une beauté moderne, une sensualité plus classique des femmes plus arrondies, une peau très laiteuse. Je crois que c’est ce que j’avais en tête quand je réalisais la collection Pandemonium, et je trouve qu’elle représente parfaitement ce que j’avais envie de faire au tout début.

 

Comment aimes-tu voir exposer les photographies issues de la collection Pandemonium ?

Quand on expose un tirage de la photographie Pandemonium, ce que je trouve intéressant, c’est d’allier, comme la série le fait, le moderne et l’ancien, et donc d’aller chercher du cadre un peu différent, très baroque, très doré, éventuellement argenté, qui va rehausser les couleurs et l’image. A mon sens, ce qui serait encore plus sympa, c’est d’aller chiner aux puces, chez des antiquaires des cadres anciens, qui vont allier l’ancien et le nouveau, le classicisme et la modernité. Je trouve que c’est vraiment une des manières avec laquelle c’est le plus sympa d’exposer ces photographies.

Je pense que c’est une photographie qui peut, bien entendu, s’exposer dans un intérieur plus classique, mais aussi dans quelque chose de très moderne. Elle va pouvoir trancher, mais parfaitement s’intégrer.