Le Palace

par Arnaud Baumann

« Une période d’insouciance, de beauté née du mélange, des genres comme des ambiances »

Quelques mots sur le Palace

"Des oeuvres réalisées lors de soirées mémorables au Palace, qui font désormais partie du patrimoine photographique et témoignent d’une réalité révolue et inimitable"

LE PALACE

Avril 1978, le Palace ouvre ses portes. A l’image du célèbre Studio 54 de New York, cette incontournable boîte de nuit parisienne, marque son époque bien au-delà de ses murs et reste, encore aujourd’hui, le symbole de la jouissance, de la liberté et de l’insouciance.

Ses soirées, sans compromis, rassemblent, aux côtés des stars françaises et internationales du monde de la musique, de la mode ou du cinéma, des quidam qui viennent faire la fête sans tabous et sans limites. Un melting-pot rythmé aux sons du plaisir, de l’ivresse et de la désinhibition fait de ce lieu l’un des piliers de l’emergence de la culture gay.

Marqueuses d’une époque et d’une vision insouciante de la vie, l’extravagance et la liberté des fêtes du Palace ne seront jamais égalées.

 

 

LES OEUVRES D’ARNAUD BAUMANN

Le célèbre portraitiste Arnaud Baumann, y fait ses premières armes. Pendant cinq ans, il déambule au milieu des explosions de vie et de plaisir pour nous proposer une vision unique : une photographie documentaire et plasticienne dont les poses longues font virevolter les lasers colorés et nous transportent au cœur de la fête. Ses images, authentiques et décomplexées, font jaillir en nous l’envie de renouer avec la légèreté de l’époque, de pouvoir être libre.

Rares sont les photographies du Palace en couleur. Arnaud Baumann les rend d’autant plus vivantes et attirantes par son regard original. Tel un peintre, il utilise son appareil photo comme un pinceau et restitue sur ses images, l’ambiance colorée au laser, des nuits intenses de la célèbre boîte de nuit parisienne.

Prises sur pellicule Kodachrome il y a près d’un demi-siècle, ces images tirées sur papier argentique archival métallique sont dors et déjà devenues des Vintages. Entre photographies plasticiennes et documents d’archive, elles sont encore accessibles mais inévitablement destinées à prendre de la valeur.

Les photographies d’Arnaud Baumann constitue un authentique témoignage de l’histoire des arts, de la danse et de la pop-culture au travers de la parenthèse exaltante offerte par Le Palace.

Joie débordante

LE PALACE

Avril 1978, le Palace ouvre ses portes. A l’image du célèbre Studio 54 de New York, cette incontournable boîte de nuit parisienne, marque son époque bien au-delà de ses murs et reste, encore aujourd’hui, le symbole de la jouissance, de la liberté et de l’insouciance.

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Monsieur Pipi au naturel

« Il ne reproduit pas la réalité ; il ne capture pas le réel ; il la pense et il le voit. »

Pacôme Thiellement, essayiste

LE PALACE

1978–1983 – Tirages argentiques sur papier métallique, limités à 20 exemplaires tous formats confondus

Ils en parlent...

Les années PALACE

PAR CHRISTIAN CAUJOLLE

…C’était l’époque où Claude Nougaro chantait « Sur l’écran noir de mes nuits blanches Moi je me fais du cinéma Sans pognon et sans caméra ». Rue du Faubourg Montmartre on l’écoutait alors moins que Grace Jones que l’on avait vue arriver depuis les airs pour se poser sur la scène du Palace, vêtue et redessinée par Jean-Paul Goude.

Moment fondateur, fabuleux, comme d’autres, tant d’autres. C’était entre 1978 et 1983, aux plus « belles heures » de cet ancien théâtre devenu, par la touche magique de Fabrice Emaer qui nous avait amenés – avec Thierry Le Luron, Alice Sapritch ou Yves Mourousi et beaucoup d’autres – de son Sept de la rue Saint Anne vers cet immense espace, une période d’insouciance, de beauté née du mélange, des genres comme des ambiances.

En fait, personne ne s’y faisait vraiment du cinéma, si ce n’est lors de nuits réinventant la tradition des bals masqués ou déguisés, mais chacun, avec des doses d’ego plus ou moins flamboyantes était lui-même. Certainement parce que Jenny Bel’Air et Sylvie Grumbach, à la fois en raison de l’humeur du moment et avec un sens inné – parfois fortement injuste – du dosage pouvaient refuser l’entrée à une personnalité en vue qui rageait de voir trois petits beurs se glisser souplement vers l’intérieur. Il y avait là nombre d’anonymes et beaucoup de célébrités, celles de la mode, Kenzo aussi bien qu’Yves Saint-Laurent, Karl Lagerfeld, Claude Montana ou Jean-Charles de Castelbajac, qui croisaient Roland Barthes bien souvent présent, Amanda Lear et nombre d’artistes.

Au sous-sol, au Privilège décoré par Gérard Garouste sur recommandation d’Andrée Putman, on dînait et on croisait pratiquement tous les soirs les petites stars -mineures- du Palace : Christian Louboutin, Eva Ionesco et Vincent Darré. Pour l’avoir fait découvrir à Robert Mapplethorpe – pourtant habitué du Studio 54 à New York – et pour avoir vu comment la séduction opérait sur un bon connaisseur des fêtes qui nous y ramena plus tard avec Lisa Lyon, je me dis encore aujourd’hui qu’il y avait une inexplicable magie dans ce lieu dont « La vie en rose » réinterprétée par Grace Jones était devenu l’hymne.

Mannequins et jet set, graphistes, jeunes écrivains et journalistes – à commencer par Alain Pacadis qui en avait fait « son » lieu et lui réservait une place à part dans sa chronique dans Libération – ont raconté tout cela, et bien mieux que je ne saurais le faire. Ils ont également fait la liste de toutes et tous ceux qui « comptaient » dans le Paris d’alors et qui se donnaient rendez-vous là. Des photographes, nombreux, ont constitué une mémoire de ces années Palace comme il faut bien les nommer. Ces années qui furent d’abord des nuits et qui pouvaient nous mener directement, parfois, de cet immense navire nocturne jusqu’au bureau pour la conférence de rédaction du matin ont été amplement photographiées. Mais elles l’ont surtout été – et parfois très bien – en noir et blanc. Et il est vrai que ce n’est pas sans une certaine nostalgie que nous revoyons aujourd’hui certaines de ces images, certains de ces visages alors familiers, maintenant perdus de vue pour beaucoup, disparus pour trop d’entre elles et eux…

Extrait de la préface pour le livre FÊTE AU PALACE Éditions CDP 2022

Regard sur le PALACE depuis 1983

PAR ALAIN PACADIs

Lorsqu’en 1978, Fabrice Emaer eut l’idée d’ouvrir la plus grande boite d’Europe, rue du Faubourg Montmartre, nous ne savions pas encore que nos vies allaient ainsi prendre un nouveau tournant.

Les premières années du Palace virent,dans une débauche de musique, de fun et de costumes somptueux une série de fêtes baroques qui resteront comme les diamants illuminant la couronne des princes de la nuit.

De la fête vénitienne de Karl Lagerfeld au mariage de Paloma Picasso, le Palace devint le lieu de rencontre privilégié de la jet-society, mais on pouvait aussi y croiser des jeunes issus des banlieue, attirés par tant de clinquants et de paillettes. I.e Palace était un écrin prestigieux décoré par Gérard Garouste, le plus grand peintre post-moderne, où les modes se succédaient à une cadence infernale : Punk et After-Punk, New Romantism, Cold Wave, Nouveau Thermidorien, Novö, Post-Moderm, After Junk, etc Les grands couturiers venaient, accompagnés de mannequins portant les plus belles robes de la collection, les Rock’n Roll Stars déambulaient entre deux concerts, les vedettes se regardaient vivre, épiées par des photographes avides de scoop.

 

Pendant des années, sous les lasers multicolores, les bals costumés se succédèrent : une marquise moustachue dansait avec un gitan défoncé au poppers, les culturistes côtoyaient les travelos, les BCBG en smoking se mêlaient aux punks; le Palace était un extraordinaire melting-pot où la nuit, tout, absolument tout, pouvait arriver. Le Palace est arrivé à un moment charnière : après les errances babas ou gauchistes, en pleine explosion punk, à une période où une certaine jeunesse redécouvrait le plaisir : le Fun. On y buvait des cocktails raffinés jusqu’au petit matin, en dansant sur des rythmes infernaux. Chaque soirée, nous trouvions une nouvelle danse ou une nouvelle mode. Dans ce temple de l’esthétisme, les maquillages des divas coulaient sur les torses velus des gays nouvellement libérés. Un jour par semaine, c’étaient les blacks qui envahissaient la piste de danse de ce Haarlem moderne, un autre, c’étaient les homosexuels, mais toujours la mayonnaise prenait. Après la mort de Fabrice Emaer, le Palace ne s’est pas arrêté, une nouvelle direction continue d’y faire régner la fête, mais je garderais toujours une nostalgie pour cette période où nous commencions à apprendre à faire la fête.

 

A cette époque, Arnaud Baumann hantait les nuits du Palace, armé d’un appareil photo.

 

Il prenait des clichés où se mêlaient poésie et esthétisme, il ne s’arrêtait pas sur les stars, comme les autres, mais prenait le night-club comme un lieu habité par de nouveaux modes de vie, de nouvelles moeurs. Il fit une série de photos avec passion, mais une fois terminé, il n’eut pas envie de montrer son travail. Maintenant, ces clichés ont pris un coup de vieux, en se bonifiant comme du bon vin, il est temps de les ressortir des cartons et de les exposer. Oui, nous avons vécu une époque merveilleuse.